
Peu d’entreprises camerounaises réussissent à rivaliser avec leurs homologues étrangères sur le terrain.
La faible performance, voire la faible représentativité des entreprises locales dans l’exécution des marchés, contraste avec la politique d’import-substitution actuellement en vigueur au Cameroun. En effet, peu d’entreprises locales, notamment dans le secteur des bâtiments et travaux publics (BTP) tel que Bun’s, sont capables de rivaliser avec les sociétés étrangères qui remportent généralement la majorité des appels d’offres pour les projets d’envergure.
Cette situation entraîne fréquemment des retards importants dans la réalisation des travaux qui leur sont confiés. Un exemple marquant est la construction de neuf ponts métalliques attribués à neuf entreprises en novembre 2023, dont la livraison est toujours attendue, malgré l’expiration des délais initialement fixés en début juillet.
Dans ce contexte, qui nuit à la vision de la Stratégie nationale de développement (SND 30), le gouvernement, par l’intermédiaire du ministère des Travaux publics et des acteurs du secteur, a organisé une revue du secteur le 31 juillet dernier à Yaoundé. Le diagnostic réalisé n’a pas mis en évidence de nouveaux problèmes : on constate les difficultés d’accès au financement, la corruption et une taxation douanière pesante. S’ajoutent à cela la faible capacité financière, organisationnelle et technique des entreprises locales, ainsi que l’éloignement des carrières des chantiers, entraînant des coûts supplémentaires.
Pour faire face à cette situation, l’une des mesures envisagées est la « restructuration » du secteur, afin de permettre aux prestataires locaux de s’approprier des parts de marché au Cameroun et à l’international. Cependant, le gouvernement doit aussi reconnaître sa part de responsabilité en matière de rendement des entreprises locales. Emmanuel Nganou Djoumessi, ministre des Travaux publics (Mintp), souligne que la structuration et l’organisation des entreprises doivent s’accompagner de l’accès à des « ressources humaines et matérielles de qualité ainsi qu’un soutien financier adéquat », comme indiqué dans les colonnes du quotidien gouvernemental Cameroon.
Toutefois, une étude de la Banque mondiale, publiée en juin 2024 sur la vulnérabilité des PME et leur accès aux marchés publics, révèle que 53 % des chefs d’entreprises estiment que le gouvernement pourrait améliorer le soutien à la structuration, tandis que 30 % se focalisent sur le soutien à financement. Selon cette étude, 32,3 % des entreprises sont disqualifiées lors des appels d’offres en raison de leur capacité technique, contre 32,8 % pour la capacité financière.
Une autre préoccupation importante, qui relève de la compétence de l’État, est le non-paiement des décomptes dans les délais impartis. Ce problème affecte également les entreprises étrangères et a des répercussions sur les entreprises camerounaises, qui manquent souvent de ressources financières. Pour revitaliser ce secteur, les autorités envisagent déjà, sous réserve d’intégration dans la loi de finances 2025, d’assouplir les charges douanières sur les équipements de BTP. Elles reconnaissent également la nécessité de créer une plateforme de concertation entre les entreprises et les institutions financières.









